Guerre

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Elle surgit de l’horizon, laissant derrière elle une traînée noire de dévastation. Dans son élan, elle se penche et couvre de ses ailes le ciel où l’on ne voit plus que son visage. Sous la forme d’un arbre carbonisé, en feu et courbé par la tempête, elle prend racine dans le rouge sombre du sang des massacres, des attentats et des assassinats, dans le noir de la haine, de la vengeance et de la cupidité et dans le vert glauque et sale des eaux troubles. Tout ce mal charrié par les racines se condense et monte dans le tronc tel une tornade pour éclater dans le sang et le feu de la jubilation des premières attaques. Puis finalement explose en une boule incandescente dévoilant le vrai visage de la Guerre. Elle nous surprend avec son sourire d’hystérique, annonciateur d’un rire démoniaque qui raisonnerait en échos.

Qui oserait embrasser cette bouche couleur de boue et de cadavre ? Cette bouche remplie d’un poison noir violâtre. Qui oserait soutenir son regard de possédée, Avec ses yeux sans pupilles ne regardant nulle part.

Elle brûle, ivre de la folie meurtrière des guerres magistrales et passionnées. Ces guerres où la population s’achemine au champs de batailles en chantant sur fond de discours enflammés, de communiqués de guerre triomphalistes, de chants patriotiques, de marches militaires et de récits héroïques.

Son visage, à bien le regarder, est un masque; qui cache-t-il ? Ce visage d’hystérie sanguinaire aux prolongations capillaires symbole des idéologies qu’elle propage: haine, violence et semences de nouvelles guerres.

Panache technique et chromatique, surprenante représentation de la guerre, inédite et puissante dans sa portée symbolique, elle laisse loin derrière elle les habituelles allégories où l’on voit, sur un fond de ruines et de débris d’armes, des cadavres gisant et des victimes gémissant et gesticulant dans une mimique théâtrale.