» Dans le froid glacial de la solitude des cimes, la lumière de l’invocation de Toi me réchauffe. »

Joukhadar

Guerre : son visage est un masque, qui cache-t-il? Apparence calme, idées troubles : un masque de calme assuré, que cache-t-il? Mort est également un masque de grandeur sereine, que cache-t-il?

Guerre, Apparence calme et Mort forment un ensemble qui se termine par l’Initié: un groupe de trois éléments et un élément en contrepoids faisant opposition. Une opposition entre deux manières de gérer le monde. L’une d’un réalisme qui ne dépasse pas la matière et l’autre d’un réalisme qui la transcende. L’une d’un réalisme matérialiste cynique et machiavélique où la fin justifie les moyens et une autre dont les moyens reflètent les finalités d’un ordre cosmique et en font partie.

Guerre, Apparence calme et Mort et l’Initié sont une invitation à une réflexion sur le savoir et les hautes sphères du pouvoir: au-delà de la façade des fonctionnaires du pouvoir, comment reconnaître hauts initiés et parfaits imposteurs nourris par les sortilèges du culte d’un ego surdimensionné, sages et faux sages qui ont voué leur âme à l’archétype de l’esprit de négation?

L’initié

Un bleu glacial mais extrêmement pur domine l’œuvre. Un bleu évoquant le lapis-lazulis, fort prisé dans l’antiquité égyptienne et mésopotamienne et considéré comme extrêmement noble à cause des grains d’or qu’il renferme fréquemment. Cet or génère la gamme de reflets allant du jaune ocre jusqu’au vert émeraude profond évoquant des oxydes de cuivre, de bronze ou les reflets de ces métaux et de l’or en fusion, celui des pierres précieuses considérées sacrées dans les anciennes traditions chinoises et précolombiennes.

Ce visage sans âge, plutôt juvénile, n’est pas celui d’un mondain, d’un bavard éloquent. Il ne s’exprime que si la courtoisie l’exige, juste quelques formules sobres et délicates. S’il exprime rarement sa pensée, ce n’est que par formules condensées plus proches de l’allusion que de l’affirmation.Droit, vertical, par absence de fantaisie; le visage accuse une infime inclinaison vers le bas par absence totale d’ego. Aucun défi, aucune intimidation, aucune arrogance dans le regard. Un regard éveillé, attentif, délicat, soutenu par un sourire poli, raffiné, civilisé.

L’ovale du visage, noble, raffiné, intellectuel, tend vers l’encéphale non pas vers la mâchoire qui n’est ni physique ni terrestre (renvoi vers dyptique ‘Mysticisme’). La coiffure ou l’encéphale, siège symbolique de la pensée, est ouvert vers les profondeurs insondables de l’infini.

L’initié, observe, n’intervient pas directement. Abraham intercéda en faveur du peuple de Sodome et Gomorrhe en vain. Cinquante, quarante cinq, quarante, trente, vingt, même pas dix justes méritaient la grâce. (Genèse 18, 16-33)

L’initié attend dans la solitude glaciale des sommets. Le moment n’est pas propice, l’heure n’est pas encore venue. La souffrance de l’initié vient de sa vision du destin tragique de ceux pour qui il ne peut intervenir sans qu’ils profanent le sacré qu’il détient. Ignorance, bassesse.